Introduction : Une arrivée mouvementée (Esmeyn)

Esmeyn se trouvait depuis déjà deux jours en Ambre quand l’occasion qu’il attendait tant se présenta enfin. Il ne fallait bien entendu pas s'attendre à une accalmie. La pluie tombait toujours avec autant d'intensité. Avec les tempêtes à répétition qui agitaient le cercle d’or depuis quelques jours, il avait été contraint d’abandonner son navire avec à son bord son équipage pirate, ne pouvant envisager de rejoindre la cité éternelle par la mer. Si ce plan était tombé à l’eau, il avait rapidement élaboré une autre stratégie, qui s’avèrerait, il en était convaincu, au moins aussi détonante.


Il ne pouvait pas se permettre d'attendre plus longtemps. En ce jour de marché, malgré le mauvais temps, il y aurait quand même du monde dans les rues. Prévoyant, il n’avait pas gâché le temps passé à attendre. Les pièces étaient en place. Il ne restait à présent plus qu’à jouer la partie.


Après avoir verrouillé la porte de sa chambre, Esmeyn descendit dans la salle principale de l’auberge ou il avait élu domicile. Il venait tout juste de s’installer au bar quand les deux gamins qu’il attendait poussèrent la porte de l’établissement, comme ils le faisaient quotidiennement. A peine se furent ils approchés qu’il leur dit.


- C’est pour aujourd’hui. Vous savez ce que vous avez à faire.


Les deux adolescents acquiescèrent et tournèrent les talons.


Le jeune homme termina le verre de pisse de Bayle qu’il avait commandé, laissa une couronne d’or sur le comptoir à l’intention du tavernier, et rejoignit l’arrière salle qu’il avait loué pour y laisser sa monture. Sa robe blanche éclatante, sa crinière sauvage, ses sabots et sa corne de cristal…elle dégageait une telle aura…elle était juste splendide. Des années déjà qu’elle était sa fidèle compagne. Ensemble, ils en avaient vécues des
aventures…


Tout en lui flattant l’encolure il lui murmura quelques mots à l’oreille. Alors que l’on se serait attendu à un hennissement, la créature planta son regard ou brillait une anormale intelligence dans celui du jeune homme et une voix claire et tendre emplit immédiatement son esprit.


Leur heure était venu. Tous deux le savaient. Il était temps de gagner le palais, mais pas sans un coup d’éclat, et c’est là qu’elle intervenait.


Esmeyn grimpa sur son dos comme il l’avait fait un nombre incalculable de fois auparavant, ayant toutefois à l’esprit que cette fois il jouait gros. Tant pis. Trop tard pour reculer. De toute manière, sans un grain de folie, la vie serait bien terne. Quitte à tout risquer, autant le faire avec panache.


Sortant par une porte dérobée à l’arrière de l’auberge, ils gagnèrent rapidement le port à quelques foulées à peine de là. Le claquement des sabots de l’animal attirèrent bien vite l’attention des passants, et quelle fut leur réaction… Quel plaisir il prit à passer, majestueux, sous leurs yeux écarquillés…


Il ne fallut pas bien longtemps avant que les premières acclamations n’explosent dans la foule. Qui pouvait bien être ce jeune homme à l’allure princière monté sur…non impossible…la Sainte Licorne… ?


Apparemment, le plan d’Esmeyn se déroulait comme prévu, et les réactions étaient bien celles qu’il avait prévu. Ce n’était pourtant qu’un début. Les gens s’écartaient sur son
passage, certains même se prosternaient. Si tout cela l’amusait au plus haut point, le prince ne le montra pas, s’attachant à garder une attitude la plus détachée possible, comme s’il n’avait pas conscience de tout ce qui l’entourait.


Comme si elle connaissait parfaitement le chemin à emprunter, la licorne gagna la célèbre grande promenade, et, remarquant le clin d’œil d’un des deux garçons qu’il avait engagé, Esmeyn sut que les choses allaient encore s’améliorer. En effet, le tambour et la voix d’un héraut se firent bientôt entendre. Evoluant intentionnellement le plus doucement possible afin de laisser le temps à la foule d’accourir voir ce qui se passait, il évalua rapidement la situation. Parfait. D’autres crieurs publics partout dans la ville incitaient la population à venir observer ce qui s’annonçait déjà comme l’évènement de l’année.


Une sorte de procession se forma d’elle-même autour du cavalier, remontant l’artère principale de la ville en direction du palais.


Toute cette cohue attira naturellement la curiosité des autorités, et comme il s’en était douté une patrouille de la garde vint à leur rencontre. Heureusement, Esmeyn avait bien joué le coup, et il s’estimait satisfait du nombre de spectateurs, ainsi que de la manière dont il avait semé le doute dans leurs esprits.


La garde royale s’interposa donc, se plaçant en travers de leur route. Faisant mine de ne pas remarquer leur intervention, Esmeyn poursuivit sa route, comptant en fin tacticien sur ses estimations pour l’emporter. Quand la procession entra en contact avec les représentants de l’ordre, le héraut héla le plus gradé des hommes en arme :


- Oh là lieutenant, faîtes place à l’héritier légitime de la couronne, le fils unique de feu le roi Eric Ier, le prince Esmeyn d’Ambre.


Sous le coup de la nouvelle, l’officier resta figé quelques secondes. Voyant que la Licorne ne comptait pas s’arrêter pour si peu et que son supérieur ne réagissait pas, l’un des soldats tira son arme de son fourreau, suivi par ses frères d’armes. Une vieille femme aux vêtements crasseux mais à la voix impérieuse cracha sur les bottes du premier soldat venu et leur cria :


- Bande de chiens galeux, comment osez vous diriger vos armes vers la Sainte Mère Licorne ! Soyez maudits vous et vos familles, vous allez apporter la peste et la désolation sur Ambre et tout le cercle d’or !


La foule acquiesça vivement, et des quolibets divers et variés, certains particulièrement fleuris, montèrent du peuple en ce jour rassemblé. Ne pouvant faire face à une telle masse humaine, les gardes se replièrent, et la procession reprit son chemin.


Esmeyn ne put cette fois s’empêcher de retenir un petit sourire. Ce petit intermède était la signature de sa première victoire. Il pouvait à présent compter ces gens comme ses partisans. Ce n’était bien sur pas un soutien acquis sur la durée mais peu importait. Ils allaient être l’instrument de son entrée glorieuse dans la famille. Un coup d’éclat reste un coup d’éclat.



Bien entendu, à leur arrivée au palais, les choses se compliquèrent. Il fallait s’en douter. La foule s’arrêta à l’entrée de la cour, face aux marches menant au grand hall, formant une haie d’honneur pour le laisser passer. Comme un grand seigneur, maître du peuple, il s’avança à la rencontre de ceux qui l’attendaient.


La quasi-totalité des soldats en service au palais était rassemblée juste pour lui, avec bien entendu à sa tête le capitaine de la garde royale. La licorne s’arrêta à quelques mètres à peine de l’homme en question. Esmeyn planta son regard dans le sien, attendant semble t’il qu’il prenne la parole. Le silence se fit.

La foule détrempée reste suspendue aux lèvres du capitaine, celui ci ne bronche pas d'un cil et d'un geste académique et militaire semble faire appel au sang froid de ses soldats.
Ceux ci s'organisent en un éclair, créant un demi cercle de hallebardes aux bas des marches du palais.

Contrairement à tes attentes toute la foule ne semble pas rallier ta cause. Quelques uns des badauds crient à l'hérésie alors que d'autre semblent en effet éblouis par la présence de la licorne. Les choses s'enveniment doucement sous un orage qui ne cesse de s'alourdir...

Apparais un homme d'une soixantaine d'années qui descend les marches, portant haut le titre de chambellan du palais symbolisé par un bouclier orné d'une licorne. Habillé de gris et de marron il lève une main douce et intransigeante vers la foule, ignorant de façon dédaigneuse le regard que tu pourrais lui porter, il ne fait aucun cas de "la licorne".
S'adressant simultanément à la foule puis à ta personne:
"Et alors! Que se passe t-il monsieur qui mettez le désordre ?"

Toujours calme et impassible, Esmeyn ne semble guère s'intéresser à la foule (tant partisans que détracteurs d'ailleurs) et encore moins à la herse que forment les gardes du palais avec leurs hallebardes. Comme s'ils pouvaient l'arrêter...Sombres idiots.

Le cavalier ne porte pas beaucoup plus d'attention au chambellan et à son interpellation, le reléguant d'entrée à un rang de faible intérêt.

Après quelques dizaines de secondes d'un silence pesant, tout juste troublé par les intempéries, Esmeyn se décide à réagir. Il descend délicatement de sa monture, lui flatte une nouvelle fois l'encolure et lui murmure quelque chose à l'oreille. Une fois ceci fait, la créature recule de quelques pas, s'incline respectueusement devant le jeune homme, courbant même l'échine, et aussitôt sa robe d'un blanc éclatant commence à briller. Bientôt des craquelures dorées apparaissent à la surface de son pelage, et au bout d'une minute elle explose littéralement dans une gerbe d'étincelles, libérant une nuée de colombes qui s'élèvent rapidement dans le ciel chargé d'obscurs nuages avant de disparaître à l'horizon.

Le spectacle terminé, un demi-sourire apparaît à la commissure des lèvres d'Esmeyn, s'effaçant rapidement alors que son regard se perd dans la contemplation du palais.

- Ne t'a on jamais appris à donner du "Votre Altesse" aux Princes de la maison d'Ambre, vieil homme ?

La voix est claire et posée, neutre, sans trace d'une quelconque animosité.

Sans lui laisser le temps de répondre :

- Qu'importe. Conduis moi auprès de ton seigneur, mon oncle, le prince Random. J'ai à lui parler. Dans les plus brefs délais.

La précision n'est pas là pour rien, et cette fois ci, la voix, si elle reste calme et posée, le ton étant toujours courtois, elle prend néanmoins des accents d'une autorité naturelle. Il ne semble pas être le genre d'homme à qui on dit "non".

Il n'a d'ailleurs pas l'air de se soucier de la réaction du chambellan, passant à côté de lui et le dépassant comme s'il était un simple serviteur, et se dirige déjà vers les marches menant au grand hall du palais. Puis, à mi-chemin, fait volte face et dit :

- Ah, j'allais oublier. Qu'on offre à tous ces gens un repas chaud autour d'un bon feu ainsi que des vêtements secs. Il ne sera pas dit qu'Esmeyn d'Ambre ne sait pas prendre soin de SON peuple.

Ceci dit, il reprend son chemin. La garde royale se trouve toujours entre lui et son objectif, pourtant il ne semble pas s'en préoccuper et poursuit son avancée plus en avant. Le vent fait claquer ses amples vêtements blancs, révélant à sa ceinture deux lames finement ouvragées. Ses bottes battent les pavés de la cour à un rythme régulier et les éclaboussures ne semblent pas capables de tâcher ses vêtements. Il se dégage de sa personne une force de volonté et un charisme hallucinant. Qui qu'il soit, ce n'est pas un être ordinaire...

Le charisme « hallucinant »d'Esmeyn est loin de
valoir celui du roi Random ou bien même de l'un de ses frère ou sœur.

Ceci fait alors que la garde manque de t'interpeller, le Chambellan te laisse
passer.

(HJ: attention à ne plus décider de l'action des PNJ)

Alors que Esmeyn finit de monter les marches la garde royale s'occupe de calmer la foule, la rare capacité des meilleurs troupes d'AMBRE vient facilement à bout de la foule, par quelques menaces sagement distribuées.
La pluie et l'orage s'occupant de faire le reste.

Esmeyn est en haut des marches, les portes s'entrouvrent laissant apparaitre la magnificence du palais.
L’allée qui mène à la salle de réception est pleins de serviteurs qui s'agitent en tout sens, un jeune homme te fait un signe de la main t'invitant ainsi à poursuivre jusqu'au bout du couloir de marbre ou trône les portraits de tes oncles et tantes.

Esmeyn débouche dans la salle de réception qui précède la salle du trône. Là une foule de nobles, ambassadeurs du cercle d'or sont réunis. Certains dubitatifs d'autres plus nombreux le sourire aux lèvres.
Le roi Random est là! Un verre à la main, réprimant une mimique cruelle il lève son verre à ton encontre.

"Tiens justement ! Voilà notre nouveau bouffon"

Esmeyn traverse le grand hall avec toute la prestance dont il est capable, une véritable attitude princière. Il contemple les portraits de ses oncles et tante avec intérêt.

Lorsqu'il atteint enfin la salle de réception, il ne peut s'empêcher d'esquisser un petit sourire ironique. Tant de richesses et d'opulence alors que le peuple vient d'affronter la pluie et le vent, et tout ça pour finir chasser à coups de menaces par des hommes en armes...C'est donc ça la conception du pouvoir de Random...Pathétique.

Les aînés ont véritablement perdu tout lien avec la réalité...

L'attitude de Random à son égard à son arrivée n'en est qu'un exemple supplémentaire.

Esmeyn garde son calme face à l'affront qui lui est fait. Il s'agit là d'un test, rien de plus. S'il veut vraiment jouer, alors allons-y...

- Venant d'un homme qui a passé la majeure partie de son existence, pour ne pas dire la quasi totalité, à vivre une vie faite de jeu et de débauche, c'est assez cocasse, vous ne trouvez pas, mon oncle ? Oh, je vous en prie, terminez de trinquer jusqu'à plus soif avec vos amis les nobliaux, j'attendrais pour obtenir une audience auprès de sa majesté...

Esmeyn s'apprête à tourner les talons et à rejoindre le buffet.

Alors que tu t'avance et te sert du premier plat ou verre au buffet.

"Remplissez vos poches de ce que vous pourrez Monsieur le pique assiette.
L'audience est refusée et vous n'êtes pas le bienvenu."

l'assemblée qu'elle soit hypocrite ou de bon cœur se range bien entendu du côté du roi.

C'était à prévoir. Il ne relève pas. Indifférent, Esmeyn se sert un verre de jus de fruit sans pour autant le boire. Il fait un rapide tour de la salle pour voir si certains de ses oncles et tantes sont présents. Si l'un d'eux est présent, selon la personne, il ira ou non à sa rencontre. Si ce n'est pas le cas, il quitte la salle et s'enfonce dans les couloirs du palais, direction les étages, et plus particulièrement la grande bibliothèque et les petits salons ou les aînés aiment flâner...

Ton entrée à eue l'effet escompté tout le monde te regarde
plus ou moins de travers.

Random tout sourire te laisse de côté reprenant la discutions avec un noble de
Kashfa.

La salle du banquet qui semble réunir différentes faction du cercle d'or
est apparemment abandonnée des "ainés" excepté de dame Florimel
entourée de quelques courtisans. Les grandes portes qui mènent aux couloirs et
escaliers du palais sont clairement fermées et gardées, il ne semble pas
question que le moindre «nobliau » puisse naviguer à sa guise dans
l'enceinte du palais.

L'accès aux jardins couverts reste ouvert, un petit salon magnifiquement ouvragé
abrite une vingtaine de personne dont la reine Vialle.

Esmeyn traverse tranquillement la salle en direction des jardins couverts, faisant fi des regards qui suivent le moindre de ses mouvements, mais tentant tout de même de capter la moindre conversation.

Il sort de sa poche un morceau brut de bois de rose et à l'aide d'un petit couteau de sculpteur, il commence à faire apparaître un un lys blanc qu'il compte offrir à Vialle, après l'avoir fait apparaître à la manière des prestidigitateurs de l'ombre terre, grands amateurs de close up.

Il approche tout naturellement de la reine, comme n'importe lequel des courtisans de la cour. Il ne semble pas du le moins du monde mal à l'aise, et ce malgré le petit accrochage avec Random quelques minutes plus tôt.

S'arrêtant à quelques mètres de la souveraine, il attend un signe de sa part l'invitant à approcher.

Alors que Esmeyn s'avance dans le jardin couvert les regards continuent à se braquer sur lui. Sauf bien entendu et pour cause car elle est aveugle, celui de la reine.

Au moment ou tu termine ta sculpture, un bruit de pas plus doux que le pétale d'une fleur te sort de ta concentration, une effluve subtile parcours ton espace vital. En relevant la tête La reine est là.

Reine Vialle: le ton est doux et mélodieux
"Que faites vous?"

Sans un regard pour la reine, son attention toujours dirigée vers son travail de création.

- Je crée votre majesté. Tout est là, sortir l'impossible du néant, tel est mon art. Je regrette juste l'inaptitude des gens à envisager tous les tenants et aboutissants d'un tel travail de création. Mais vous voyez très bien ce dont je veux parler, n'est ce pas ?

Le doux parfum de la reine emmène durant un instant Esmeyn dans d'autres contrées, loin de toute cette tension et des jeux de cour...

- Un lys blanc...la fleur des rois d'antan...

Il semble tout à coup nostalgique, et son regard se voile même durant un bref instant. Sa joie de vivre et sa fougue légendaire reprennent toutefois bien vite le dessus.

- Que me vaut ce plaisir ? Vous devriez m'éviter vous savez, comme toutes les nobles personnes ici rassemblées. Après tout, votre mari m'a lui même qualifié d'indésirable, et la parole d'un souverain vaut loi en son royaume...

Il semble comme amusé par sa dernière remarque. L'ironie est flagrante.

"Bha Random ne vous en veux certainement pas, je
connais mon époux jeune Ambrien! Le fils d'Eric est ici et vient revendiquer
son héritage, pourquoi pas ! On a vu pire. Je dirais même que vous avez
de la chance d'être tombé sur Random, un autre vous aurait certainement
défenestré."

"Mais enfin faites ce que bon vous semble."

"Permettez que l'on se présente?"


Vialle approche ses mains délicates vers toi cherchant à toucher ton visage à la façon
des aveugles.

- Avec plaisir.

La voix est sincère. Esmeyn approche son visage des mains de la reine, de manière à ce qu'elle puisse le voir par le toucher.

- Alors que la reine prend conscience de ton être un rictus de déception se lit sur son visage.

"Qu'avez vous à cacher jeune homme pour vous dissimuler de la sorte ??"

Face à la déception qui se lit sur le visage de la reine, Esmeyn se retrouve comme désemparé, désarmé, et étrangement, il y gagne en sincérité. Durant un court instant, il fait tomber le masque. Sa voix est alors faible comme un murmure mais passionnée, marquée par l'émotion qui fait vibrer tout son être. Il semble peser ses mots, chercher l'expression juste.

- Il est des douleurs qu'il vaut sans doute mieux ne jamais évoquer. Les lourds secrets sont attachés aux plus grandes peines. J'ai souvent rêvé de tout ignorer, mais ainsi est la triste vérité, et quitte à choisir, je préfère ne pas vivre dans l'obscurité.

Sa voix se fait hésitante, puis après quelques secondes de silence, il reprend :

- Sots sont ceux qui croient que perdre la vue empêche de voir. Vous qui pouvez, à travers mes traits, contempler mon âme...N'essayez pas de m'en empêcher ou de m'en dissuader. Telle est ma destinée, et il y a bien longtemps que je m'y suis plié. C'est pour cela que je suis né, c'est ce dont je suis fait. Je ne peux abandonner...

Il retire délicatement les mains de la reine de son visage et les gardes un instant au creux des siennes.

- La trahison est depuis l'origine inscrite dans notre sang...le sang du renégat...Dworkin Barimen...

On sent tout son dégout pour l'ancêtre commun à toute la famille royale. Plus que ça même, c'est une véritable souffrance qui alimente sa haine.

- Vous qui avez la chance de ne pas être pervertie par le sang d'Ambre, j'ose espérer que je peux vous faire confiance...

Puis, changeant radicalement de sujet, comme pour couper court à cette conversation sans intention d'y revenir :

- En quel honneur se tient cette réception ?

La reine laisse échapper un gentil sourire à ton
encontre. Difficile à dire si c'est de la complaisance ou de l'hypocrisie.

"Une telle sensibilité est rare dans votre famille jeune homme, n'en usez
qu'à bon escient, car nous avons pour habitude de nous méfier plus que
d'entendre...Quand à votre haine apparente de votre propre sang j'avoue ne pas bien
la comprendre... Que faites-vous ici? Vengeance ou suicide?"

Redevenant calme et paisible, se faisant plus mystérieux :

- Je me contente simplement de suivre la voie de la vérité, votre majesté. Lorsque j'atteindrai enfin la croisée des chemins, alors peut être qu'une liberté de choix me sera enfin offerte...Entre fierté et loyauté, il me faudra déterminer si mon sang mérite à nouveau, pour cette cause, d'être versé...

Puis, s'apprêtant à la quitter :

- Si vous permettez...Ce fut un plaisir...

Après une révérence conforme à la lettre du protocole en vigueur, il s'éloigne, flânant dans la foule.

Vous voilà fort pressé pour ne pas attendre réponse à votre question, mais enfin...Ne vous éloignez pas trop quand même.

La nuit tombe doucement sur Ambre, la grande partie des convives quittent déjà la réception. Les valets s'activent remettant de l'ordre dans la grande salle de réception. Parmi ceux là restent encore quelques nobles qui s'attardent avec La princesse Florimel.

Random quand à lui n'est plus là.

Il y avait sans doute des musiciens à la réception, j'essaie de récupérer une guitare ou de m'installer à un piano et commence à jouer tranquillement. J'improvise une mélodie et après quelques minutes, ma voix se joint à l'instrument. Une chanson à l'attention de la plus belle femme de la famille royale, et par extension de l'univers tout entier, la princesse Florimel d'Ambre. Bien évidemment, c'est une chanson de séduction.

Les cheveux dorés, les yeux bleus elle porte une tenue de vert et de gris. Penchant délicatement sa tête sur le côté elle t'observe silencieuse et discrète arborant une moue douce et coquine.

Autours d'elle quelques courtisans font mine de t'ignorer alors que la noblesse continue de quitter la pièce.

Elle semble attendre que tu es terminé tout en continuant à converser à voix basse avec cinq ou six convives. Tous des hommes plus élégants les uns que les autres, portant son verre, faisant courbettes...L'un d'eux à un regard aigri à ton égard.

Habillé de violet et de vert, la trentaine, couvert de bijoux. Il jure nettement avec la délicatesse qui émane de la princesse Florimel.

Esmeyn dirige toute son attention vers Flora. Son regard transperce la foule des courtisans jusqu'à rencontrer les yeux d'un bleu profond de la princesse. Joignant l'intensité du regard à la musicalité, c'est un véritable hymne à la beauté et au charme légendaire de Florimel qu'il déclare. Le concerto dure encore quelques minutes, gagnant même en intensité et en émotion. C'est une véritable démonstration de passion, une quasi déclaration d'amour.

Une fois le spectacle terminé, il se lève et traverse la salle tout droit en direction de Florimel. Il profite de ce déplacement pour s'intéresser de plus près au personnage qui le regarde d'un mauvais œil. S'il veut jouer...

Quand il parvient enfin face à sa tante, Esmeyn pose un genoux au sol et lui baise la main comme le veut l'usage de la cour. Il se relève et fait montre de toute son attitude princière, défiant du regard le courtisan jurant tant avec la douceur de la plus belle dame que l'univers ait jamais porté.

ET bien jeune homme vous êtes de caractère changeant à ce que je vois, après avoir voulu faire affront à Random vous voilà courtisan la sœur de ce même roi...

Elle renvoie la grappe collées à sa personne d'un simple geste. ceux ci s'en retourne aux vestiaires récupérer leurs manteaux. L'homme en violet de jette un regard franchement haineux.

Ne vous en faites pas... ce jeune coq s'en remettra! Bien racontez moi! Que venez vous faire ici? La descendance de Feu Eric mon frère de retours parmi nous! Voilà une bonne nouvelle pour le royaume... n'est ce pas?

Ceci faisant La princesse te guide jusqu'à un petit salon dont elle fait ouvrir les portes. Le lieux est accueillant et prédispose à la conversation.

- La flamme qui brûle en chaque être ne peut devenir qu'un brasier ardent à votre contact, princesse Florimel. Il ne saurait en être autrement. Pardonnez mon emportement musical et vocal, mais la passion qui m'a gagnée ne pouvait être contenue. Il me fallait à tout prix l'exprimer, sans quoi je risquais tout bonnement d'imploser. Vous méritez bien entendu beaucoup plus que cette démonstration somme toute basique mais j'ai du composer avec les moyens du bord...Je vous prie de bien vouloir m'en excuser.

- Pour ce qui est de mon altercation avec votre frère, c'était hélas à prévoir. Mon père et lui ne se sont jamais vraiment appréciés, et nos positions respectives vis à vis de la couronne font de mon arrivée en Ambre une question quelque peu problématique, sans compter le fait que cela rappelle à la mémoire de tous les luttes intestines qui ont agité le palais avant que n'éclate la guerre de la marelle...Pour ne rien arranger, la première remarque de Random à mon encontre n'était pas des plus courtoise, et n'appréciant pas l'affront, ma réponse fut toute aussi piquante.

- Pourquoi venir en Ambre ? Je suis en quête de mon héritage, tout simplement. Je viens prendre la place qui m'est due au sein de la famille, en vertu de ce sang qui coule dans mes veines.

- Si ce que vous voulez vraiment savoir est si j'ai l'intention de réclamer ou non la couronne, ce n'est pas le cas. Désolé de vous décevoir. Je suis certes de nature à aimer les coups d'éclat, mais ouvrir un conflit politique d'un tel ordre serait stupide, du moins pour l'instant. Je ne suis après tout qu'un jeune prince, il me reste encore beaucoup à apprendre si je veux être un jour un aussi bon monarque que le fut mon père. Et puis, très franchement, sans un réel soutien à ma cause, ce ne serait là qu'une bouffonnerie absurde. Mon but est de faire prospérer Ambre et de voir mon peuple libre et heureux, et c'est en ce sens que je compte agir. Je servirai les intérêts du royaume de la manière qui semblera la plus judicieuse à Random, sans perdre de vue le fait que je suis et reste l'héritier légitime du trône quoi que puissent en dire mes détracteurs. Mon père, feu le roi Eric a donné sa vie pour qu'Ambre vive et, en tant que son fils unique et seul héritier, je me dois de protéger son trésor.