En souvenir d'elle(Eyflamme) chap.2

En provenance de Là

Dans sa chambre, Eyflamm s'installe à son bureau et reprend son travail sur son Atout. Cela lui permet de se vider l'esprit en se concentrant sur sa tache. Lorsque la fatigue se fait enfin sentir, il daigne se coucher.
Trop de choses se déclenchent en même temps en trop peu de temps, avec des conséquences qu'il ne saurait imaginer. Il se sent un peu perdu là au-milieu et les projets se bousculent dans sa tête. Doit-il reprendre la poursuite de Mériah, sans bien savoir dans quel bourbier il s'engagera ... retourner voir où en est Ulrich dans ses investigations ... ou bien prendre du temps pour lui et engager ses petites affaires ...
Décidemment, la vie en Ambre n'est pas de tous repos.

La nuit s'étale sous le pinceau d'Eyflamme, le jeune Duc d'Ambre met une touche finale à son dernier atout.
Une nuit comme il n'en avait jamais vu auparavant, les lourds nuages gris continuent leur ballet aérien, tournoyant au dessus de l'éternelle citée.
Les évènements se sont précipités mais au dessus de tous l'un d'eux s'applique
à résister d'avantage et s'imprime dans son cerveau...peut être même dans son cœur.
Le souvenir étrange et passionnant de cette jeune sorcière...Méria, son visage, sa colère, ses yeux, ses lèvres...il chasse cette vision incontrôlable, lui qui a toujours stout contrôlé...et reprend le pinceau. Le souvenir de sa voix revient au galop...comme si son absence était la seule présence...

Il termine l'atout au petit matin vers 5 h00(jour 3)...et lève les yeux au ciel observant le maelström naissant...

*Mériah...*

(suite)

On chantonne dans le couloir dérrière la porte du jeune Duc d'Ambre, une voix familière masculine et lointaine...pas entendue depuis fort longtemps. Eyflamme à du mal à mettre un nom, une image sur cette voix quelque peu nasillarde mais mélodieuse et amusante.

"Il est 5h00 Ambreu s'éveilleu...il est 5h00 et je n'ai pas sommeil..."

A mesure que ses pensées volaient et s'abîmaient, une idée fixe s'imposait à lui de façon persistante. Folle et stupide mais revenant à la charge sans cesse, brisant peu à peu ses réticences, morcelant sa volonté, s'insinuant dans chaque fibre de son être ... et de son coeur.
Pourquoi elle ? Il ne l'avait pourtant pas vu beaucoup, juste une soirée, une danse ... En plus, elle fait partie de ces inconnus qui préparent une offensive contre la couronne ... mais peut-être ne sait-elle pas tout, elle a très bien pu être manipulée et enrôlée contre sa volonté ...
Le son de la voix dans le couloir sort Eyflamm de sa rêverie.

Curieux, il se lève et sort rapidement pour en voir le propriétaire.

Droppa MaPantz est dans le couloir, une bouteille à la main il danse et saute sur le rythme de sa chanson...

"Tiens, le jeune Duc à sa maman...comment y va?"

- Droppa ! Vous êtes bien matinal ! Cela fait bien longtemps que je ne vous avais vu.

Eyflamm ne relève pas la pique du bouffon royal, ce serait lui donner l'occasion d'en placer une autre encore plus incisive. Tel est le jeu du bouffon, appuyer là où ça fait mal pour en tirer calembour.

* Ce n'est sans-doute pas un hasard ... Voyons ce qu'il a à dire *

Eyflamm sourit amèrement. Tout ici le ramenait implacablement à la dure réalité, pas moyen de s'échapper sans qu'elle ne vous rattrape.
- Nous avons donc un point commun en ce tout début de matinée Que diriez-vous d'un verre ou deux ? Histoire d'achever cette nuit en beauté.

"Bha l'idée me plait...venez je connais un bon petit coin."
Le nain galope comme un beau diable en suivant les couloirs vides du palais. Vous dépassez les cuisines communes et finissez par descendre un escalier en colimaçon des plus tortueux.
"Attention...une glissade est si vite arrivée ici."
L'escalier débouche sur une série de couloirs en pierres blanches parsemés de voutes splendides et ouvragées de bas reliefs ancestraux. Le clapotis de l'eau parvient à vos oreilles et l'humidité des douves souterraines étouffe l'atmosphère. Le nain ne parle plus et continue sa route sans se retourner une seule fois...

Eyflamm prend juste le temps de fermer sa porte avant de poursuivre Droppa.
Mentalement il imprime le trajet.
* Etonnant comme il court vite ! Heureusement qu'il projetait d'aller se coucher... et moi aussi... *

Droppa tourne soudainement sur sa gauche, disparaissant un instant aux yeux du Duc d'Ambre.

- Hey ! Attendez !

* Bon sang ! mais où court-il comme ça ?! *

Eyflamm accélère le pas et s'engouffre à la suite de Droppa.

"Et Voilàààààààààà...tintintin."
Dans la longue et basse pièce humide sont étalées des dizaines de fourrures de toutes sortes, des grises, des rayées, des colorées...trainent au sol quelques tables basses et coussins moelleux entourés de tonnelets soigneusement alignés sur de basses étagères.
Une odeur d'encens flotte dans l'air camouflant quelque peux l'humidité des lieux.
Le bouffon royale se jette sur l'un des large coussin.
"Asseyez vous donc Duc... j'ai ici un délicieux cognac"

Eyflamm stoppe sa course et s'avance circonspect.

- Je ne connaissais pas ce lieu ...

A l'invite de Droppa, il s'installe au milieu des coussins et se laisse enivrer par les effluves d'encens.

- Avec plaisir, Maître Bouffon,... de quoi nous assomer gentiment pour finir cette nuit exceptionnelle ...

"Nous sommes dans les sous sol du palais, au niveau des prisons mais sous les salons et les cuisines, un véritable dédale."

Le nain te sert dans un long verre tarabiscoté et teinté de mauve.

"exceptionnelle?...Mmm en y réfléchissant oui c'est vrais...Et pas un coin tranquille...vous avez remarqué toujours un garde pour vous espionner"

Droppa, de part sa fonction, est un peu l'ombre du roi, ça Eyflamm en est persuadé. Ce qu'il lui dira lui reviendra aux oreilles ... ou pas. Cependant il pourra s'en servir pour inventer toutes sortes de calembours et historiettes pour rire à vos dépends. Sans méchanceté aucune, certes, c'est sa nature. D'un autre côté, il est préférable qu'il rie et fasse rire de vous, plutôt qu'il ne vous prenne en grippe, car vous vous exposeriez à ses sarcasmes et sa langue acerbe aurait tôt fait vous abattre plus surement qu'une flèche.
Cependant, il paraissait plutôt engageant ce matin. Autant ne pas lui faire changer d'humeur.

- Je vous crois sur parole, tant j'ai entendu d'histoires sur ces sous-terrains ... il paraît qu'ils courent sous toute la cité entière.

- Merci.

Eyflamm trempe ses lèvres dans son verre et goûte l'alcool, qu'il trouve excellent.

- Certes, je n'y avais pas fait trop attention, mais maintenant que vous me le faites remarquer, il y a une agitation militaire inaccoutumée. C'est certainement en rapport trop de traces d'une eventuelle offensive armée ... avec les derniers évenements ...

- Et l'arrivée de ces cousins et cousines au palais, dans le même temps ... Cela fait bizarre. Bien-sûr, je savais et ne doutais pas que je n'étais pas le seul descendant de la jeune génération, mais leur arrivée ... dans de telles circonstances ... Il va falloir apprendre à vivre ensemble maintenant ...

- Mouais, c'est bien lugubre ce que vous dites là ... j'espère que ce n'est pas le cas et qu'il y a encore quelque-chose à espérer ... même si, vous avez tout à fait raison quant à notre héritage génétique : des siècles de suspicion et d'intrigues ont marqué nos parents et ils nous ont transmis cela ... saurons-nous inverser la tendance ou marcherons-nous dans leurs traces ? Je ne sais pas ... ça dépendra beaucoup aussi des pièges qu'ils nous tendent ... parce qu'ils ne sont pas étrangers à tout ce qu'il se passe en ce moment ... n'est-ce pas ?

L'alcool aidant, Eyflamm laisse divaguer ses pensées, qui inévitablement le ramènent à Mériah...

Eyflamm sourit. C'est vrai qu'il avait tendance à vouloir espérer que tout le monde avait un bon fond, malgré tout ...

- Oui, toujours la même
- Et vous qui connaissez si bien les gens d'ici, pour les avoir cotoyé depuis des lustres, parlez-moi donc de mon grand-père, Obéron, était-il pareil ? ou pire ?

- Dalt ? Le fils rebelle qui tente régulièrement des assauts contre nous ? Intéressant...

Eyflamm ressent soudain le picotement familier du contact d'atout. L'alcool déjà ingurgité, quoique loin de l'avoir déjà saoulé, a cependant eu le temps d'inhiber sa méfiance et il laisse rapidement le contact se produire.

La voix de Méria
"Ne raccroche pas... ou elle est morte!"
La jeune sorcière apparait sous sa forme démoniaque.

Derrière elle une boule de cristal dans laquelle Eyflamme peut voir Aislinn jouer de la guitare sur un trotoir de béton.