Croissance et décroissance (Trame)

Une bonne demie heure plus tard la salle est organisée, chacun est à sa place et les serveuses enchainent les tournées.
L'aubergiste s'avance sur la scène, claque dans ses mains et demande le silence...

Bien entendu seuls les enfants Bayle continuent à discuter...sourire aux lèvres.

"Mesdames, mesdemoiselles, messieurs...
!!! CE SOIR!!!
en exclusivité !
Trame le mOntreuuur de SONS et son fidèle compagnon vous ferrons découvrir un spectacle, UNIQUE!! Hors du commun.
Maintenant, tout de suite!!!
Je laisse la place aux ARTISTES...Trame c'est à vous!!!"

Je fais les quelques pas qui me séparent de la 'scène' et entame mon babillage.

"Gentilshommes, gentes dames, damoiselles, damoiseaux, permettez moi de me présenter. Je suis Trame, le ménestrel montreur de son, et je vais avoir l'honneur de vous divertir ce soir..."

"Et moi, je sens le chien mouillé ?" dit Long-Poil tout en sautant sur la table la plus proche, afin d'être visible malgré sa taille.

"Et permettez-moi de vous présenter Long-Poil, mon compagnon."

"Compagnon et pas compagne, que ce soit bien clair entre nous. Je préfère les dames belles et délicates voyez vous." Sur ces mots, il saute de table en table pour effectuer une sorte de révérence toute animale devant Rosalie.

"Excusez l'impertinence de mon ami, gente dame, son éducation est à revoir..." D'un signe de main je lui demande de revenir sur la table à mes côtés.

Faisant mine de revenir à contre coeur, il ajoute "Excusez mon compagnon, il ne ferait pas la différence entre un chardon et une rose, sous prétexte que les deux piquent. Il n'est pas très dégourdi avec les fleurs... Je ne le garde que parceque l'homme est le meilleur ami du chien... et que je ne dispose pas de poches pour placer les pièces que je récolte en usant de ma verve."

L'air vexé, je tente de le remettre à sa place. "Parce que tu crois que sans moi tu pourrais gagner ta croute ? On te trouverais vite fait à errer à travers les rues, regrettant ce brave Trame qui supportait tes bêtises ! A quoi servirais-tu ?"

"Je pourrais mettre ma pisse en bouteille, j'ai déjà le profil de l'emploi. Je suis sûr que l'aspect charnu de mes urines ravirait les nez les plus délicats." Pour illustrer son propos, il lève la patte, causant l'effroi des bourgeois à ses pieds, mais rien ne sort.

"Le vin ne peut être tiré ?"

"Non, j'ai remarqué que la gente dame préfère le rouge et je ne sers que du blanc. Je ne voudrais pas changer son habitude, le rouge lui va bien au teint." Un clin d'oeil de Long-Poil à la bourgeoise l'oblige à glousser comme une grosse poule.

"Tu es incorrigible..."

Le spectacle continue durant près d'une demi-heure, jeu de ping pong où je tente de surnager face aux répliques cinglantes de Long-Poil. Les femmes et les bourgeois sont flattés par instant, les hommes d'arme vantés et gentillement vannés. Rien n'est méchant et les ennuis des voyages en pleine nature, surtout pour un homme 'sans nez' tel que moi, est utilisé comme fil rouge.

Au terme de cette première partie, j'envoie une serveuse faire un premier passage alors que je me rince le gosier et m'apprête à conter. Long-Poil va se mêler à la foule pour recevoir tappes amicales et autres faveurs du public. Connaissant parfaitement son rôle, il finit par se coucher au pied de Rosalie qu'il a flâtée au début du spectacle.

Revenant au devant de la 'scène', je reprend la main de ma voix de stentor en faisant taire les conversations.

"Maintenant que mon compagnon a jeté l'éponge, laissez moi vous conter une étrange fable. Dans une ville située dans un lointain royaume aujourd'hui perdu, vivait un Roi aimé de tous. De tous, non, car certains fomentaient dans son dos, apportant discrètement des armes étranges par bateau. Une cabale se mettait en place, les malfaisant profitant de l'orage qu'ils avaient créés par magie pour garder les braves gens au chaud dans leurs masures. Alors que le serpent agissait dans l'ombre, un neveu du roi fit son apparition soudaine, monté sur un cheval blanc..."

Je leur conte une histoire pleine de récit épique, de sorcier, d'amour impossible, de monstre et de mort inutile. La morale de l'histoire montre qu'il faut croire en son roi, rester vigilant même dans la tempête et que les mauvais peuvent toujours s'en tirer grâce à trop de bienveillance des gentils.

Mes intonations renforcées par la puissance de mon esprit et mes mimiques renforcées par le modelage de mon visage, ont fait trembler de peur ou de plaisir la bourgeoise comme le garde.

A la fin du spectacle, après avoir récupéré la quête et envoyé chercher une bouteille de vin de Bayle auprès de l'aubergiste, je me dirige vers Long-Poil, toujours au pied de Rosalie.

"Excusez mon chien gente dame, j'espère qu'il n'a pas abusé de votre patience en se prosternant ainsi à vos pieds. Pour tenter de le pardonner, autorisez-moi à vous offrir, à vous et votre compagnon, un verre de vin. Le meilleur de l'établissement..."

J'ouvre prestement la bouteille et sert mes 'hotes'.

La salle s'emballe dans un tonnerre d'applaudissements. Les enfants Bayle ne savent pas trop comment réagir...mais acceptent la bouteille.
Pendant toute une partie du spectacle Trame à pu remarquer des gouttes de sueur perler au front de l'aubergiste, qui dégage un immense sourire au moment des applaudissements.

« Vous Prendrez place…lorsque vous aurez finit de faire rire ces petites gens»
t'annonce Arthur.

Parmi la foule Trame remarque :
- la présence de la jeune Hélène avec qui il conversa dans la matinée.
- Un homme à l’attitude circonspecte et distante qui
applaudit sobrement. L’homme à tout de l’aventurier aguerris, porte une armure
de cuir annelée, un sabre court. Son
visage est détendu et attentif au moindre mouvement.
- La vendeuse de beignets.

"Encore...Une autre histoire scande la foule"

*La recette est bonne* même si ce n’est pas le but.

Long poils quand à lui fait le tour de la salle la queue dressée.

Je réponds à Arthur Bayle avec un sourire franc.

"Je doute pouvoir m'asseoir à votre table avant des heures en ce cas. Je serai ravi de partager avec vous votre meilleur vin quand vous aurez loisir de m'inviter. Excusez-moi, mais ces petites gens sont difficilement rassasiés. La faim de l'esprit sans doute. Sieur Bayle..."

Je m'incline légèrement devant Arthur et prend la main délicate de Rosalie pour un mini-baisemain.

"Dame Bayle... ce fut un plaisir de voir une rose parmi le chardon."

Durant ce laps de temps, je me glisse dans son esprit pour connaître la raison exacte de la présence des jumeaux dans l'auberge.

Je laisse ensuite les Bayle, salue de la main les personnes connues dans l'établissement qui ont fait le déplacement et réponds à mon public en remontant sur scène en demandant le silence de la main.

"Vous me faites trop d'honneur !!! Ne voyant plus mon acolyte..."

"Je sers au bar !" crie Long-Poil de sous une table proche de la scène.

Je laisse échapper un sourire. "... Je vais vous conter l'histoire d'un homme et de son chien..."

"Ca sent le vécu !"

"... qui se trouvaient sur une mer déchaînée..."

"A peine une brise !"

"... ! Si tu sais mieux que moi, je t'en prie, raconte leur !"

"Enfin, tu reconnais ma supériorité !" Long-Poil saute sur la table et fait le beau, avant de me jeter un oeil. "Plutôt que de rester planté là, tu vas mimer l'histoire pour que les personnes les plus éloignées puissent comprendre à demi-mot."

Faisant mine d'être éberlué par tant d'impertinence, je finis par lever les épaules, prêt à prendre des poses durant son histoire.

"Le capitaine était grognon... alcoolique... borgne... avec un oeil lubrique !"

Les gens s'esclaffent à la vue de mon visage, s'adaptant au fur et à mesure que Long-Poil décrit l'homme. L'histoire raconte comment un chien de qualité supérieure sauve l'équipage d'une attaque de pirates pendant que son maître vomit tripes et boyaux par-dessus bord. Le conte a été adapté cet après-midi, en prévoyant d'intégrer des armes à feu dans les mains des pirates et un incendie sur le bateau. La morale étant que plus on est petit, plus on est important, mais que ceux qui dirigent ne s'en rendent pas compte.

Nous saluons notre public, mettant autant en avant Long-Poil que moi-même. Ensuite, je sers quelques mains, demande une coupe d'eau pour Long-Poil et vais payer un verre à Hélène et la vendeuse de beignets. Je discute volontier avec qui le veut, n'hésitant pas à frôler leur pensées superficielles pour faire le tri du vrai et du faux.

Arthur te prend de haut, il ne te répond pas et conserve une moue tendue jusqu'à la fin du spectacle. Sa sœur quand à elle est sous ton charme, cherchant ton regard elle se plonge immédiatement dedans, lâchant des petits soutire discrets aux moments ou Arthur tourne la tête, ou boit dans son verre.

*La jeune femme était venue pour plomber ton spectacle et mettre la pression au
patron de l'auberge, mais le spectacle et l'attention que tu lui as porté à
transformé son attitude, elle sent bien que son frère en est fort mécontent...*j'espère
que pour une fois il me foutra la paix*se dit-elle.*

La salle continue à se remplir et la terrasse déborde de clients, la pluie et l'orage ne semble pas gêner la foule...pour le moment. Le chapeau continue à se remplir de pièces sonnantes et trébuchantes. Long poils quand à lui ne cesse d'être félicité. Gratouilles, chatouilles, caresses et bouts de pains pleuvent de chacun des clients.
Alors que le spectacle se termine, c'est une salle amicale et chaleureuse qui à
chaque instant tente de serrer la main de l'artiste, posant mille questions déjà mille fois entendues.
Hélène et la vendeuse de beignet sont incontestablement jalousées par les
autres clients qui recherchent ta compagnie. Tout particulièrement la jeune
Bayle, elle quitte la salle, à la seconde même ou tu choisis de converser avec Hélène.

Hélène est de toute beauté, c'est une petite brune aux cheveux longs et
ondulés. Son regard brille de mille feux. Aucune fierté déplacée chez la jeune
femme qui pratique quelque peux les arts de la scène
"Quand papa m'en laisse le temps..."

J'ai regardé les Bayle sortir d'un oeil discret, pour que la jalousie, moteur féminin par excellence, fasse son rôle et l'incite encore plus à me revoir. Une fois sortis, je fais une oeillade complice au patron qui va enfin se détendre.

Si je passe un peu de temps avec mes rencontres de la journée, je veille à ce qu'elles ne m'accaparent pas. Je m'inquiète d'eux, mais leur promet plus de passer les saluer le lendemain, afin d'être plus à l'aise pour leur consacrer pleinement l'attention qu'ils méritent. Ils ne sont pas ma cible prioritaire...

Je vais donc de bourgeois en marchand, de noblion en homme d'arme, instilant, d'un contact psychique, l'envie de parler de moi en bien dès le lendemain autour d'eux. Je privilégie les personnes pouvant m'amener des plus nobles qu'eux.

Le chapeau est mis de côté, sous bonne garde des serveuses, je ne m'en préoccuperai qu'une fois la soirée close.

Les différentes métamorphoses avaient déjà entamé le capital de Trame
et les multiples manipulations psychiques ne faisaient que renforcer la
fatigue croissante.
Quelques gouttes de sueur perlaient au front du ménestrel.

En serrant une main parmi tant d'autre Trame ressent soudainement un contre coup psychique plutôt désagréable.
L'homme semble surprit et retire sa main avec prestance. déjà remarqué au début du spectacle il est de taille moyenne,brun avec un regard calculateur il porte une armure annelée et un sabre court.

"A mon compte oui! Et que fait un métamorphe dans cette bonne vieille citée?"

l'homme parle suffisamment bas pour ne pas se faire entendre ou tout du moins comprendre.

un marchand intervient et te sert la main avec enthousiasme, puis repart.

il te salue de la main et te laisse partir...

puis d'un bref mouvement de tête se détourne vers toi avant de prendre le chemin de la sortie.

"Un tel talent ne peut être que reconnu...aux COURS..."

Pendant ce temps la salle s'est divisée en plusieurs groupes de spectateurs qui analysent le spectacle que Trame leur à proposé. D'autres s'éternisent devant les cruches de vin, un enfant d'une dizaine d'années joue avec Long poils.

Il fait encore jour sur Sejuna.

Les enfants ne sont pas dans la chambre et Trame les localise facilement grâce
au service d'étage.
Il semblerait que Rémi soit avec le docteur Jackson pour une séance alors que
la jeune Lénée se ballade dans le parc sous la surveillance du complexe vidéo High
Tech de la station balnéaire.




« Vous pouvez la suivre sur le canal 913 monsieur »

- Annonce le réceptionniste.