Un pas de côté (Aislinn)

En provenance de Là bas

L'appartement n'a pas changé depuis la dernière fois. Exception faite d'un repas chinois qui sèche dans le frigo depuis le départ d'Aislinn pour précédent son concert.
Le Fax à vomi quelques publicités médiocres de producteurs véreux et de fournitures de bureau...
Il est 18h00 et il pleut sur Londres.

[HJ : vu qu'il ya seulement quelques heures Aislinn jouait un concert à une heure tradive je pense qu'il devrait être un peu plus tard que 18h, enfin, c'est un détail]

Aislinn marque un temps d'arrêt, contemplant autant son appartement que la marche à suivre. Elle reste silencieuse dans le murmure du mauvais temps, et la cigarette au coin de sa bouche pulse en un rythme nerveux. Il ne lui faut pas trop de temps pour prendre sa décision. Elle se dirige à grande enjambée vers sa chambre, les volutes de tabac suivant le tracé ondulant de ses cheveux blancs.

Elle allume la lumière pour réveler une chambre qui, en dépit de son espace, donne le sentiment d'être pleine à craquer. Les murs sont noricis d'extraits de paroles, poèmes, récits et proverbes chers à la culture Rock, écrits au marqueur à même la surface blanche. Elle se tourne sur sa gauche où se trouve un bureau recouvert de piles de livres menaçant de s'écrouler, et écrase sa Winston dans un cendrier posé sur un coin, qui déborde de vieux mégots de la même marque.

Elle se dirige vers une armoire en slalomant entre les tas d'albums et de CD gravés qui jonchent la moquette faute d'avoir pu trouver une place sur les immenses étagères, parfaitement en ordre, mais remplies à bloc elles aussi. Elle fait coulisser la gigantesque porte de l'armoire et en sort un vieux sac à bandoulière qu'elle jette sur son lit, rejoint par des t-shirts magie-customisés et quelques autres vêtements.

"Et où on va comme ça?" Sigvard rompt enfin le silence avec la voix grailleuse d'un quincagénaire ayant enchainé cigarette et whisky depuis l'âge de 10 ans.
"Pas encore sûr. Mais la famille est occupée par une platrée de problèmes entre Ambre et ici. Si je veux me faire la malle et prendre suffisament d'avance avant qu'ils arrêtent de me lacher la grappe, c'est maintenant."
"Et avec ce que tu as trouvé avec Eyflamm, tu as l'excuse parfaite. Hehe, yes! On va enfin reprendre la route... "

Aislinn sourit alors qu'elle passe en revue différent CD, en jettant un sur le lit de temps à autre

"J'ai réflechi à ce que tu m'as dit au Purple tout à l'heure. Voir Eyflamm ainsi empêtré dans les problèmes des autres, pour rendre service aux Oncles sans rien pouvoir demander en retour, avec cet Ulrich qui se foutait ouvertement de notre gueule..."
"Ouais enfin apparemment cet histoire à Manhattan te concernait pas mal, Flora, Eyf et toi. "
"Vrai, mais ils peuvent le régler sans moi, et j'ai quand-même toujours ce besoin de trouver des racines avec lesquelle je me sens compatible."Elle tient deux albums devant elle."MC5 ou les Stooges?"
"Stooges. Ecoute, je savais que cette conversation arriverait un jour. Tu sais que j'ignore tout de celui qui m'a créé. Mais ton paternel l'a fait pour te protéger, et s'il ne s'est pas occupé de ta sécurité lui même c'est qu'il avait une raison de ne pas te garder près de lui. Vouloir le retrouver c'est pas forcément le meilleur plan."

Aislinn s'arrête un moment dans ses fouilles.

"Tu voulais aussi que je prouve que j'étais assez grande non? Ce que je pense c'est qu'il voulait aussi preserver mon caractère avec toi, et m'éviter de tomber dans le moule. C'est la seule personne dans le multivers qui voulait que je reste celle que j'étais vraiment, sans rien attendre en retour. Merde, c'est bien l'Enfer s'il refuse de me voir. Et puis où que j'aille y'aura toujours des emmerdes, j'en ai eu la preuve aujourd'hui."

Après avoir jeté quelques bouquins, elle fourre tout ce qui se trouve sur son lit dans le sac, passe la sangle sur son épaule et retourne dans le salon où une collection de guitares l'attendent. Elle sort alors son lecteur mp3, se fourre les écouteurs dans les oreilles, et lance sa playlist préférée pendant la demi heure qu'elle passe bras tendus devant elle, ses mains dessinant des symboles cabalistiques dans l'air alors qu'elle créé un portail vers une Ombre loin d'Ombre-Terre. Une fois terminé, une déchirure dans la réalité apparait dans le milieu de la pièce. Essuyant la sueur qui perle de son front du revers de la manche, elle attrape sa guitare electro-accoustique préférée, et passe de l'autre côté.

Elle se retrouve, de nuit, dans la ruelle d'une ville qui ferait penser à l'Ouest américain, s'il n'y avait pas 3 lunes dans le ciel, dont une géante et une petite verdatre. La rue principale est éclairée de la lumière qui filtre de quelques saloon et tavernes, et une musique blues-rock jouée live couvre les rires et les conversations imbibées.

Pour Aislinn cela faisait seulement trois ans qu'elle n'étais pas revenue mais bien un demi siècle a dû passé ici. Pourtant tout y est conforme à ses souvenirs. Elle se dirige d'un pas las vers la saloon d'où la musique s'échappe, où elle sait qu'elle trouvera une chambre d'hotel pour passer la nuit.

L'arrivée de la belle Aislinn provoque une sorte d'arrêt temporel dans le saloon.
Les gaillards présents autours des tables se retournent d'un geste simultané et plusieurs d'entre eux lancent un sifflement admiratif.
Derrière un bar boisé chantonne un barman jovial aux bacchantes surdimensionnées. Il nettoie son verre d'un mouvement souple et régulier observant la salle d'un œil attentif.

Les corps rythmés de quelques clients et clientes dévergondées s'agitent sous le regard en transe des musiciens. Une fumée bleutée plonge la scène dans un brouillard de circonstance, la lumière est douce et tamisée laissant le son dévorer l'ambiance.

Le barman se baisse et fait apparaitre une bouteille de gnôle
chiffrée à 48%. L’homme compare un instant la bouteille et la femme qui se
trouve devant lui. Sans hésiter il confirme la victoire de la bouteille d’un
geste du menton puis la pose sur le comptoir.




« Bonne chance, mademoiselle…Voilà vot’clé, la N° 18. Vous serrez à côté des
filles…si on vous embête z’avez une cloche accrochée à la porte de votre
chambre…MMMh voilà…ah…si ! Petit déjeuner jusqu’à 11h30… »

Un rayon de lumière vient à frapper Aislinn à travers le volet.
les chaussettes collent aux bottes de la jeune femme et la sueur moite d'un nuit alcoolisée dispense son lot d'odeur à travers la petite chambre.

Les rênes attachées à un pommeau prévu à cet effet sur le coté du siège, laissant les chevaux marcher sur la route à leur allure, Aislinn a sorti sa guitare et joue non chalammant un morceau en tapping et arpèges dessus, improvisant au rythme des sabots.

*Peut-être pas lui mettre la main dessus, mais au moins lui parler. Savoir pourquoi la seule personne à qui je peux m'identifier me voit comme un poids*

"Non mais tu dois pouvoir lire dans mes souvenirs..."

*Le désert brule sous un soleil couchant. La ville est immense et piquetée de tours incroyables, faites d'acier, de brique rouge et de verre. Les longues avenues sont traversées pas les innombrables "A.V" qui survolent des fleuves bleutés coupés de ponts intangibles.
La plus haute des tours est une pyramide d'acier, coupée à son dernier tiers. La plate forme est gigantesque. De partout les traits lumineux éclairent une dizaine de milliers d'hommes et de femmes hurlant leur joie au rythme du concert le plus incroyable jamais vu et jamais entendu.*

"C'est là...à l'arrière de la scène que j'ai pris conscience...sur un mur d'enceinte de plus de 80 mètres de haut."

Après un silence à défaut de trouver les mots, Aislinn s'assoit soudainement beaucoup plus droit, remet sa guitare dans son étui et le tout à l'arrière de la carriole avec son sac, attrape les rênes et imprime aux montures un bon coup de fouet.

*J'imagine qu'on a changé de programme?*
*Et comment. Direction Téziluz.*

Elle sait que le voyage sera long, qu'il lui faudra changer souvent de moyen de locomotion, mais qu'à cela ne tienne. Elle ne comptait pas arriver de si tôt aux Cours. Première étape: trouver un lac ou piquer une tête où, avec Sigvard dans sa forme de paréo noir à têtes de mort, elle pourra faire une toilette rapide, casser la croute, et préparer son arsenal de sorts.

Le petit lac n'a rien de bucolique. Le désert rougeâtre qui l'encercle ondule sous l'effet de l'intense chaleur environnante rendant le bain encore plus plaisant.
Seule la vieille bicoque propose de l'ombre et ce drôle de bonhomme à la peau rougit loue l'ombre portée par la construction de bois, pour 10 Sollars de l'heure.
Plusieurs carrioles stationnent à proximité des écuries ou les montures assoiffées vident les abreuvoirs reliés au lac par un système hydraulique.

De leur côté que les clients armés de colt longilignes vident leurs verres au comptoir.

Aislinn, même si elle n'a pas les formes voluptueuses de sa mère, aimerait éviter d'attirer inutilement l'attention sur elle. Aussi elle préfère se contenter de se laver sommairement main et visage dans le lac, sans se devêtir. Cela a plus pour effet de la rafraichir qu'autre chose, mais sous cette chaleur c'est déjà beaucoup.

Elle porte ensuite ses montures à l'abreuvoir, et profite que les chevaux se reposent pour casser la croute avec les restes de ce qu'elle a pris ce matin. Entretenir des sorts demande du temps et beaucoup de concentration, et elle n'est pas sûr de pouvoir s'offrir le luxe de baisser totalement sa garde en pareil endroit. Elle décide donc de ne pas trop trainer et de reprendre son voyage peu de temps après.

A nouveau sur la route elle presse un peu le pas, s'efforcant de rendre le climat plus clément, abaissant la temperature quelque peu, faisant apparaitre des stratus et de la verdure, puis quelques arbres, le soleil poursuivant doucement sa course vers l'horizon, et lorsque les premières étoiles apparaissent, elle commencer à croiser quelques vieux tacots motorisés à vapeur sur les route accidentées. C'est dans une auberge au style Colonial comme on en trouve en Alabama, avec 3 autres carrioles comme la sienne et un vehicule motorisé facon Ford-T, rangés le long d'une petite écurie, qu'elle décide de passer la nuit. Il fait encore assez jour mais la lumière d'une lampe à huile est déjà allumé.

La perspective d'un bon bain avec un cigare tout droit sorti des plantations de tabac croisées en chemin ne serait pas pour lui déplaire...

Lentement Aislinn s'éloigne d'ombre terre pour un voyage
dans les remous ombriens.
Une sensation étrange frappe la jeune femme, Les modifications, les altérations
et le voyage lui même est différent.
Comme à contre courant...
Aislinn à la nette impression que les ombres sont en mouvement, attirées dans des axes
étranges contre les quelles l'Ambrienne doit lutter pour maintenir le cap.

La voie royale reste tout à fait praticable mais demande un peu plus temps, plus d'efforts que d'habitude.

La description donnée par Sigvard permet à Aislinn de trouver un chemin vers l'ombre désirée. L'Ambrienne modifie les paysages les uns après les autres. Au fur et à mesure le désert s'agrémente d'une citée moderne dédiée au jeu, les buildings et les casinos deviennent de plus en plus nombreux. La technologie, les écrans géants, la foule compact... mais toujours cette chaleur ambiante. Les casinos se transforment en immenses salles de
concerts et les premier AV font leur apparition dans le ciel étoilé.
Les ombres suivantes ont comme caractéristique principale la chaleur ambiante, la ville,
ses buildings et le son...la musique sous toutes ses formes. Aislinn rentre dans les détails à la recherche de ces buildings-pyramides décrites par Sigvard finissant par ce qui devrait être Téziluz.

Quatre continents reliés par des routes aériennes. L’un d'eux est de la taille de l'Australie, un immense désert entouré de citées modernes. Les buildings-pyramides sont présents dans chaque ville. Les habitants ressemblent largement aux humains quoique plus grands et souvent chevelus. De nombreuses tribus nomades parcours le ciel à la recherche des concerts les plus fous trimballant dans leurs caravanes volantes familles et instruments.

Un étrange peuple canin parcourt cette terre…des hordes de chiens à l’apparence de loups. Des bâtards possédant le don de la parole.

(suite)
La grande rue ondule sous l'effet de la chaleur. Les bars volants parcours la ville à la recherche de clients assoiffés et quelques chiens errants déambulent de ci de là. Tout au bout de l'avenue se dresse un immense building-pyramide duquel parvient le son criant d'un solo de guitare.
Des projecteurs envoient leurs lumières tourbillonnantes se refléter contre revêtements teintées des vitres de la ville. Aislinn sent Sigvard se contracter une fraction de seconde, le manteau métamorphe émet une onde psychique étrange...enfantine.
Les AV boostés de moteurs anti-grav trafiqués fusent entre les immeubles de briques rouges laissant derrière eux une trainée de fumée jaune. Partout les affiches de groupes se recouvrent les unes les autres, créant de véritables murs de papiers multicolores...la chaleur pèse sur une population mouvante qui parle un anglais déformé par un accent tranchant.